ACADEMIE DE GRENOBLE
Education prioritaire et carte scolaire : le sgen-CFDT revendique une autre politique
Le ministre de l’éducation nationale vient d’annoncer le doublement de
la prime ZEP mais dans le même temps, maintient l’objectif de
suppression de la carte scolaire. Pour le Sgen-CFDT, au-delà des mesures financières pour les personnels, il faut une autre politique de carte scolaire et une refondation totale
de la politique d’éducation prioritaire définie en concertation avec
tous les acteurs du système éducatif.
Le rapport de la Cour des comptes confirme le constat dressé dès 2008
par l’observatoire de la carte scolaire du Sgen-CFDT, confirmé par le
rapport Obin-Peyroux et la récente étude de la sociologue Agnès Van
Zanten : le seul assouplissement de la carte scolaire conjugué aux
mesures du volet éducatif du plan banlieue comme le busing pour les
élèves les plus « méritants » a creusé un peu plus le fossé entre
territoires et va à l’encontre de l’intention affichée de mixité
sociale. Il favorise les stratégies d’évitement des familles favorisées
générant ainsi l’entre-soi voire le communautarisme, il concentre
l’offre de formation dans les centres-villes et dégrade la situation
dans de nombreux établissements d’éducation prioritaire, transformant
certains en nouveaux ghettos.
Beaucoup d’établissements en RAR (réseaux ambition réussite), qui
constituent pourtant la vitrine ministérielle ont perdu leurs meilleurs
élèves ; quant aux RRS ( réseaux de réussite scolaire), autres
établissements de l’éducation prioritaire, ils sont totalement laissés à
l’abandon. Depuis sa création en 1981 à la demande insistante du Sgen-CFDT, la
politique des Zep (zones d’éducation prioritaires) a été marquée par la
discontinuité des pilotages ministériels, les derniers choix en date
débouchant sur une dégradation de la situation.
Pour le Sgen-CFDT, il faut en priorité :
- Fonder la carte scolaire sur la notion de bassins d’éducation au sein desquels la répartition équitable des options et des élèves en fonction des divers groupes sociaux entre les différents établissements permettrait l’attractivité de chacun.
- Cibler les territoires en déshérence qui appellent à une concentration des moyens et doivent bénéficier d’un effort considérable, en termes de moyens financiers, de locaux et d’équipements dans le cadre d’un engagement pluri-annuel de l’État et des collectivités territoriales.
- Proposer des options attractives pour éviter les déperditions d’élèves.
- Augmenter les taux d’encadrement en personnels enseignants et cesser d’y affecter majoritairement les néo-titulaires comme c’est le cas en région parisienne.
- Créer des postes de personnels d’éducation formés et notamment de CPE, plutôt que des médiateurs de la réussite ou des gilets verts.
- Enfin au-delà de l’aspect financier, accorder du temps, pour la concertation, le travail en équipes, la gestion de groupes d’élèves à effectifs réduits, la construction de projets.
Pour le Sgen-CFDT, il est temps de passer d’une politique désordonnée de
soins palliatifs et d’actions médiatiques pour les « quartiers » à une
politique cohérente de mixité sociale dans les territoires, en
réaffirmant que le projet politique des Zep relève d’une volonté de
transformation sociale et non à une approche individualisée de la
difficulté scolaire.
Carte scolaire : Le Sgen-CFDT demande au ministère une totale remise à plat du dossier
Comme l’avait déjà démontré le bilan de l’Observatoire de la carte scolaire du Sgen-CFDT, l’an passé, la suppression progressive de la carte scolaire, voulue par Nicolas Sarkozy, a creusé le fossé entre territoires et va à l’encontre de l’intention affichée de mixité sociale.
Si la direction de l’enseignement scolaire donne à cette rentrée des chiffres globaux, elle se garde bien d’une analyse fine des conséquences dans les établissements. Le ministère avait joué le jeu de la transparence sur le bilan de la première année d’assouplissement, mais il a cessé de communiquer depuis sur les conséquences de l’élargissement de cette mesure.
Les dérogations ont progressé sans cesse depuis la rentrée 2007. Elles ont plus que doublé de volume depuis 2006. L’assouplissement de la carte scolaire a même atteint ses limites.
Si les demandes de dérogations ont encore progressé cette année de près de 10%, leur satisfaction a chuté. Les capacités d’accueil des établissements attractifs ont atteint leur maximum. Ainsi, les établissements de centre ville ont fait le plein aux dépens des établissements ruraux ou de banlieue.
Dans ce contexte, les collèges de périphérie urbaine ont perdu leurs meilleurs élèves et sont particulièrement touchés, notamment les Réseaux Ambition Réussite et autres établissements de zone d’éducation prioritaire, laissés à l’abandon par le ministère. Partant de ce constat, Alain Dufaut, sénateur UMP, s’est ému de cette ségrégation au détriment des quartiers défavorisés, de cette désertification des collèges de banlieues et propose une loi pour la combattre. Pour le Sgen-CFDT, il y a effectivement urgence, il faut relancer la politique de l’éducation prioritaire.
La suppression programmée de la carte scolaire ne fait que répondre à des intérêts particuliers, favorise l’entre-soi et renforce les inégalités entre les territoires. Elle constitue une mauvaise solution dont les conséquences pourraient être explosives.
Sans vouloir revenir à la sectorisation antérieure contournée par les « initiés », le Sgen-CFDT souhaite la construction d’une carte scolaire équilibrée fondée notamment sur une répartition équitable des options et des CSP (catégories socio-professionnelles) au sein des bassins de formation.
Le Sgen-CFDT demande au ministère de revenir sur la décision de suppression de la carte scolaire et l’ouverture d’une concertation associant tous les acteurs, organisations syndicales, associations de parents d’élèves, départements et régions, pour une totale remise à plat de ce dossier.
Lire aussi : Tour de passe passe (31 mai 2007).
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