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Publié le 27 novembre 2008, modifié le 26 novembre 2012

Parler du bac ( et non des bacs ) relève plus de la fiction ( juridique et symbolique) que des réalités sociologiques et économiques

Le bac est une institution bicentenaire. Peut-on rappeler les intentions initiales de sa fondation ?

Dès sa naissance, en mars 1808, le baccalauréat français possède une double nature ( une originalité rare dans le monde, et qui va devenir au fil des temps de plus en plus problématique ) de sanction des études secondaires et de passeport pour l’entrée dans l’enseignement supérieur. Car il est àl’origine un examen d’entrée àl’Université, les jurys du baccalauréat étant alors composés exclusivement de professeurs de facultés. Peu àpeu, le nombre de candidats allant croissant, ces jurys s’élargissent àdes professeurs du secondaire agrégés et/ou docteurs. L’apport des enseignants du secondaire dans les jurys du baccalauréat se banalise au point qu’un arrêté ministériel de 1934 oblige les professeurs agrégés et même certains professeurs non agrégés àsiéger dans les jurys. Finalement, les professeurs du secondaire deviennent quasi hégémoniques dans les jurys du baccalauréat ( censé être pourtant une examen d’entrée àl’Université ).

Le baccalauréat est devenu rapidement une institution capable de résister àtoutes les attaques. Le grade de bachelier ouvre la porte àtoutes les carrières civiles. Il est exigé pour entrer dans les grandes écoles et dans les administrations de l’Etat. Signe indéniable de son succès social : le développement de l’industrie du « bachotage  » ( les « préparateurs  », les « fours àbachot  » ) et même l’apparition de l’industrie de la fraude ( les « passeurs  » ). Pour lutter contre l’organisation de la fraude, la loi du 23 décembre 1901 va jusqu’àprévoir des peines de trois ans d’emprisonnement et 10 000 francs ( or ) d’amende. Et cela alors même que l’obtention du baccalauréat ne concernait pas plus de 1% d’une classe d’âge.

Aujourd’hui, il touche une majorité de jeunes. Peut-on rappeler quelques dates tournant de son histoire ?

Pendant longtemps le baccalauréat n’est, de fait, àla portée que d’une toute petite minorité ( nettement en dessous de 10 % d’une classe d’âge jusqu’àla fin de la quatrième République). Tout va changer àpartir de la cinquième République. Contrairement àce que l’on pense généralement, la ‘’massification’’ de l’obtention du baccalauréat précède Mai 68.

De 1958 à1968, le taux d’une classe d’âge obtenant l’un des baccalauréats généraux double en dix ans, et passe de 10% à20%. Quarante après, l’on en est à36% d’une classe d’âge obtenant l’un des bacs généraux, et ce taux est quasi stagnant depuis plus d’une dizaine d’années. Pour ces baccalauréats là, la grande accélération se situe donc au moment ‘’gaullien’’.

Depuis, deux autres types de baccalauréat se sont ajoutés aux baccalauréats généraux. Les baccalauréats technologiques ( créés en 1970 ) qui sont obtenus actuellement par 16% d’une classe d’âge ; et les baccalauréats professionnels ( institués en 1985 ) obtenus par 12% d’une classe d’âge aujourd’hui. Tout cela a bien sà»r compliqué la question de la « double nature  » du baccalauréat et de son sens.

Peut-on dire que le bac s’est démocratisé ?

Oui, dans une certaine mesure. Il était àl’origine« un brevet de bourgeoisie  », selon la formule du philosophe Edmond Goblot employée dans son essai publié en 1925 sous le titre : « La barrière et le niveau ; étude sociologique sur la bourgeoisie française moderne  ». Et même les baccalauréats généraux se sont ouverts peu àpeu àla petite bourgeoisie voire aux couches populaires. Mais il est non moins indéniable que les couches populaires sont particulièrement présentes dans les baccalauréats technologiques et professionnels, alors que les classes moyennes et supérieures sont massivement présentes dans les baccalauréats généraux.

De toute façon, parler du bac (et non des bacs) relève plus de la fiction (juridique et symbolique) que des réalités sociologiques et économiques.

Quand on compare le bac pro ou technologique avec le bac général, on a l’impression de deux modèles d’examen différents avec d’un côté un examen final, et de l’autre une part majoritaire au contrôle continu. Comment expliquer que d’un côté le CCF ait pu s’installer sans problème, alors que de l’autre, cela semble impossible ?

Cette impression est approximativement fondée. Cela renvoie sans doute – entre autres – àce que les recrutements et les destinations des élèves ne sont pas les mêmes pour les bacs généraux que pour les bacs technologiques et professionnels – ainsi que les bases de recrutement et de formation de leurs enseignants.

Quelle part tient làdedans la vieille querelle avec l’école catholique ?

La concurrence avec l’enseignement catholique est indéniablement plus ancienne, plus vive et plus directe pour les baccalauréats généraux que pour les baccalauréats technologiques et professionnels ( de créations plus récentes, et moins implantés dans le privé ). Et cela a sans doute eu son rôle ( difficile àapprécier, car on ne sait pas bien ce qui est ’‘texte’’ ou ’‘prétexte’’ en l’occurrence… )

Je suis frappé personnellement, comme professeur d’histoire géographie ( par exemple àpropos du croquis cartographique ) du maintien d’épreuves sans rapport avec le savoir scientifique et même les pratiques disciplinaires. Avez-vous le sentiment que le débat sur une réforme des épreuves du bac soit bloqué ?

Ce débat est récurrent, et date de très longtemps. En mai 1880, Jules Ferry a tenté une réforme du baccalauréat ( qui concernait alors moins de 1% d’une classe d’âge ) en la justifiant en ces termes devant le Conseil supérieur de la fonction publique : « La question du baccalauréat se pose ainsi : arracher cet examen aux misères, aux écueils et aux mensonges de la préparation mnémonique et mécanique  ».

Quatre-vingt ans après, ( et alors qu’on en était encore àmoins de 10% d’une classe d’âge obtenant le bac ), il semble que l’on n’était toujours pas beaucoup plus avancé si l’on en juge par le rapport motivant le décret du 28 aoà»t 1959 relatif au baccalauréat ( général ) : « Il est normal qu’un examen de qualité incontestable sanctionne les études de l’enseignement du second degré. Mais il est anormal que ce même examen compromette les études dont il doit couronner le terme […]. Ces études, qui devraient être uniquement orientées vers l’acquisition de la culture générale, s’orientent de plus en plus vers le ‘’bachotage’’, c’est àdire l’acquisition hâtive, superficielle et indigeste d’un savoir encyclopédique  ».

Reprise d’un interview de Claude Lelièvre par le Café pédagogique

Le blog de C. Lelièvre www.mediapart.fr/club/blog/claude-lelievre




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