en maintenance
inc-version.php passépublic.php 124assembler.php 21
public.php 186 Sgen-CFDT de l'académie de Grenoble - Comment Google contribue au rétrécissement du savoir
Vous êtes ici : Accueil (test) > Comment Google contribue au rétrécissement du savoir
Article
Publié le 1er octobre 2009, modifié le 5 avril 2017

Comment Google contribue au rétrécissement du savoir

Par THIERRY KLEIN Président de Speechi, société de logiciels d’enseignement en ligne

Libération, le 30 septembre 2009

(...)

Google crée du trafic, si possible sponsorisé, pas du savoir ;ses algorithmes ont pour objectif final de maximiser le revenu obtenu en cliquant sur les liens sponsorisés. Pour ceci, Google se doit d’être pertinent dans ses résultats (sinon vous utiliserez un autre moteur) et dans ses propositions publicitaires (sinon le revenu de Google diminue). Pour Google, la qualité des résultats est donc un moyen, non une fin. Ceci signifie d’ailleurs qu’un jour vont apparaître, chez Google ou ailleurs, des techniques donnant des résultats moins pertinents mais plus rémunérateurs, àtravers une probabilité accrue de clic sur un lien sponsorisé.

Google vous incite, en moyenne, àaller vers les pages les plus intéressantes pour les annonceurs, qui sont sa source de revenu. Le mécanisme avec lequel il y parvient est presque invisible, mais toujours amélioré car Google, disposant d’un réservoir permanent et infini de statistiques, est capable presque instantanément de déterminer si tel ou tel changement d’algorithme conduit àplus ou moins de revenu. La conséquence en est que vous passez toujours de plus en plus de temps sur des pages générant du revenu pour Google.

Le moteur de recherche Google s’adresse avant tout au consommateur qui est en vous, pas àl’homme ou àla femme de savoir. Votre soif de savoir, si tant est qu’un tel terme ait un sens, c’est l’alibi qu’il vous sert, le leurre avec lequel il vous attire. Laissez passer quelques années et vous vous retrouverez tous àlire des blagues idiotes, échanger des messages insignifiants sur Facebook, acheter en ligne ou àtaper le mot le plus recherché sur Internet, c’est-à-dire « sexe » : vous ferez comme tout le monde. Google ne vous rend probablement pas idiot, comme certains articles récents, fort intéressants par ailleurs, l’ont prétendu, il vous rend consommateur - et la consommation n’est absolument pas corrélée avec le savoir.

Sur le plan comportemental, la distinction entre savoir théoriquement disponible et savoir réellement disponible est immense. Prenez un étudiant ou un chercheur. En théorie, il lui suffit d’avoir accès àInternet pour avoir accès àtoute la bibliographie dans son domaine. En réalité, s’il va sur Internet, il rentre dans une entreprise de distraction, au sens premier du terme, qui est celui de détournement. Au bout de quelques minutes, il a toutes les chances de se retrouver àfaire autre chose que de la recherche (lire la Bourse, les résultats sportifs, tchater sur MSN…). Cette distraction permanente est àcomparer àson comportement en bibliothèque, isolé, sans rien pouvoir faire d’autre, dans une cellule avec ses quelques livres - l’avantage de la bibliothèque physique sur Google : l’absence de distraction.

Que le savoir disponible réel sur Internet soit très faible pour des raisons qui tiennent au comportement, aucun doute là-dessus. Même les plus optimistes sont conscients qu’Internet est avant tout une source de distraction et de temps perdu - et toutes les entreprises qui ont étudié le comportement sur Internet de leurs employés le savent. Mais en outre, ce savoir disponible diminue non seulement au sens comportemental mais au sens quantitatif du terme. Voici pourquoi.

Une page qui contient de la publicité sur Internet est « probablement » peu intéressante - l’éditeur du site de ces pages n’a pas pour objectif d’augmenter votre connaissance, mais de vous faire cliquer sur un lien sponsorisé. Une page sans publicité a plus de chance d’être intéressante, au sens du savoir. Au moins, l’auteur a-t-il publié une information de façon désintéressée. La quantité de savoir disponible est corrélée au pourcentage du nombre de pages web qui ne sont pas financées par la publicité. Or Google, comme toutes les entreprises qui constituent ce qu’on appelle « le Web 2.0 » (Facebook, YouTube, Daily Motion…), oriente vos recherches pour que ce pourcentage diminue. Ces entreprises ont une stratégie en deux temps. D’abord, elles tentent de générer un maximum de trafic ; ensuite, elles essaient de rentabiliser ce trafic en introduisant des liens sponsorisés - ou toute autre forme de publicité - dans les pages du site. très, très faible.

(...)

http://www.liberation.fr/medias/0101594100-comment-google-contribue-au-retrecissement-du-savoir




Cet article a reçu 276 visites.

Imprimé à partir du site Sgen-CFDT de l’académie de Grenoble, https://cfdt.alpviv.org le 04/07/2025
public.php passé