
ACADEMIE DE GRENOBLE
Pour VRAIMENT revaloriser l’enseignement professionnel
Le Sgen-CFDT l’affirme : l’enseignement professionnel ne sera pas valorisé tant qu’il restera un éco-système replié sur lui-même et à destination des « cabossés  » du collège. Toutes les campagnes de promotion et réformes visant officiellement à promouvoir les lycées professionnels se sont heurtées au système « en tuyaux d’orgues  » de notre système éducatif générateur d’exclusion. Les trois voies du lycée – général, technologique et professionnel – restent hiérarchisées par les résultats scolaires au collège et par le hasard de la gestion des flux d’élèves dans le grand marché de l’offre de formation. Elles sont socialement homogènes et le plus souvent cloisonnées géographiquement. Les lycées professionnels y concentrent les difficultés scolaires, sociales et économiques. Ils y connaissent logiquement le plus de tensions.
Pourtant, l’accès de 75 % d’une classe d’âge au niveau du bac s’est fait en grande partie grâce à l’engagement des personnels des lycées professionnels pour tenter de faire réussir chacun. Ce succès ne doit pas masquer les sorties sans qualification, les difficultés liées à une organisation classique des enseignements, difficilement compatible avec l’impératif de faire réussir chacun. Les modalités d’évaluation restent empreintes de la logique de l’examen terminal qui rend les contrôles en cours de formation lourds à organiser et chronophages. La disparition de moyens, pourtant réglementaires, prévus pour les travaux de groupe au cours des dernières années a encore dégradé les conditions de travail de tous. La souffrance au travail des personnels, comme souvent des élèves, a atteint un point de non retour.
Pour le Sgen-CFDT, une réforme systémique menée avec les personnels s’impose.
Il faut sortir de la vision classique « un professeur- une classe- un programme- un examen terminal  » et décloisonner les voies du lycée pour s’engager dans un système de parcours personnalisés pouvant lier des éléments de formation générale, technologique et/ou professionnelle préparant à un diplôme constitué d’unités capitalisables, validées au fil de la formation.
Pour le Sgen, fédération de la CFDT, il est nécessaire également de permettre les parcours associant des périodes en apprentissage, en lycée, dans l’enseignement supérieur dans un cursus bac-3 bac+3 et dans la formation continue. Si l’enjeu est celui de la revalorisation de l’enseignement professionnel, il faut que les parcours de formation à dominante professionnelle, initiale ou continue, n’empêchent plus réglementairement la préparation aux plus hauts diplômes du supérieur.
Les leviers pour engager cette évolution nécessitent du courage politique mais sont faciles à mettre en œuvre même dans un cadre budgétaire restreint. Il faut d’abord laisser aux élèves et à leur famille le choix de l’orientation.
Il faut ensuite décloisonner les lycées pour garantir la mixité des formations et la mixité sociale. L’apprentissage via des CFA public annexes des EPLE et la formation continue des adultes assurés en « GRETA Education nationale  » doivent être intégrés à ces établissements. Les temps de formation doivent être adaptés aux besoins de chacun sans raisonner uniquement en année scolaire. Un statut commun des personnels et une organisation réglementaire des services compatible avec ces missions et garantissant la qualité des conditions de travail serait évidemment à négocier. La validation des acquis au cours de la formation, de périodes de formation en entreprise, ou dans un cadre moins formel, pourrait être intégrée dans les diplômes, à l’image des unités capitalisables déjà existantes dans les diplômes professionnels. Dans ce contexte, il est cohérent et nécessaire d’assurer un pilotage régional de la carte des formations et de l’orientation.
Plutôt que de dénoncer les 150 000 jeunes sortis sans qualification sans rien changer, le Sgen-CFDT propose d’oser affronter les réalités avec une évolution majeure et porteuse d’avenir pour le service public de la formation professionnelle de l’Education nationale.
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