
ACADEMIE DE GRENOBLE
Epreuves de LV au bac : Le Sgen-CFDT écrit au Recteur
Lettre ouverte
Monsieur le Recteur,
Nous souhaitons vous interpeller sur l’organisation de la deuxième phase des épreuves de langues vivantes au baccalauréat qui se déroulent en ce moment. Notre organisation soutient certes la démarche d’évaluation proposée (renforcement de l’oral, intégration dans l’examen des compétences langagières du CECRL) et considère qu’elle ne peut pas être éliminée. La grande majorité des collègues reconnaît d’ailleurs le bien-fondé de l’évaluation de l’oral. Néanmoins, nous avions déjà réagi nationalement sur l’impact de ces changements sur les aspects pédagogiques (grilles d’évaluation notamment) et les conditions de travail (alourdissement de la charge de travail, maîtrise technique...)
Au vu de ce qui se passe ces jours-ci, des questions de forme et de fond se posent.
Questions de forme pour commencer : certains collègues sont convoqués plusieurs jours de suite pour la journée complète. Il s’agit probablement d’un simple procédé administratif mais à quelques jours des oraux, pour pouvoir s’organiser dans leur vie personnelle et dans leurs classes (puisque ces mêmes collègues doivent aussi préparer leurs élèves à ces mêmes épreuves), il aurait été à tout le moins judicieux de la part de l’administration d’émettre des convocations plus précises.
Sur les modalités pratiques de passage des épreuves le Sgen-CFDT fait les propositions suivantes pour la session 2014 :
> les épreuves n’étant pas du CCF, les dates (ou périodes limitées) peuvent et doivent en être fixées dès le début d’année.
> des directives plus strictes doivent être fixées sur le déroulement des épreuves et le choix des sujets car les différences de traitement des élèves selon les établissements pourraient être préjudiciables à l’équité entre candidats.
> Il est de même nécessaire de clarifier les textes officiels sujets à des interprétations de lecture source de traitements différents.
Des questions de fond se posent ensuite depuis la publication des nouvelles modalités.
Les enseignants doivent produire eux-mêmes les documents d’évaluation : d’une certaine manière, c’est ce que font déjà les collègues en cours d’année pour alimenter leurs séquences et les contrôles, interrogations, bac blanc, etc... Le problème est dans la nécessité de produire un nombre de documents important répondant à des critères techniques exigeants et complexes, et cela tous les ans puisque les sujets de cette année sont à considérer comme perdus pour l’an prochain. Il y a donc une indéniable augmentation de la charge de travail parallèlement à un tassement du nombre d’heures disponibles : d’abord parce que les élèves reçoivent deux heures contre trois auparavant et parce qu’une partie de ces heures doit servir à l’évaluation.
Le Sgen-CFDT renouvelle donc sa demande :
> que pour la session 2014 soient créées des banques de données académiques alimentées par des collègues volontaires et reconnus (décharges ou rémunération pour créer, mettre en forme et diffuser les sujets) sous l’animation de l’IA-IPR.
> et que des textes officiels soient établis pour l’organisation et la rémunération (ou décharge de cours en volume correspondant) des épreuves.
Nous souhaitons enfin insister sur l’évaluation qui concentre deux aspects problématiques.
Il y a d’abord un empilement de modalités d’évaluation sur la même épreuve avec à la fois le niveau de CECRL et la notation chiffrée. Les nouvelles épreuves n’ont pas permis de franchir le pas qui aurait conduit à une certification de la maîtrise de tel ou tel niveau dans telle ou telle activité langagière. De fait la fiche d’évaluation pour la compréhension de l’oral en LV2 pose problème. En fonction du niveau des élèves (A1 A2 B1) des notes sont attribuées : 12/ 20 pour les élèves qui possèdent le niveau A2 du CECRL et 20/20 pour ceux qui possèdent le niveau B1. On applique ainsi le principe de la certification en langues étrangères alors que nous sommes dans une évaluation scolaire chiffrée qui ne délivre pas de diplôme en langue.
Le Sgen-CFDT insiste sur la nécessité de donner la possibilité pour la session 2014 de nuancer grâce à une échelle de notation plus souple et réaliste.
L’autre aspect qui inquiète les collègues est le fait d’évaluer, dans certaines séries, soi-même ses élèves. On y lit la légitime crainte de ne pas évaluer équitablement les élèves et la possibilité de pression de la part des élèves, des familles et de l’administration.
Sur ce point enfin le Sgen-CFDT demande la formation pour la session 2014 de jurys sur le modèle de celui de TPE constitués de l’enseignant de l’année et d’un collègue de l’établissement ou d’un établissement voisin, voire de constituer des binômes d’établissements avec un établissement centre de passage.
Je vous prie de croire, Monsieur le Recteur, à notre profond attachement au service public d’éducation.
Alexis Torchet, Secrétaire Général du Sgen-CFDT de l’Académie de Grenoble
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