
ACADEMIE DE GRENOBLE
Laïcité ?
Sauvegardons la laïcité de la République
Les organisations et personnalités signataires rappellent solennellement que, selon l’article 1er de la Constitution, la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Ces quatre termes indissociables définissent des principes qui s’imposent à tous, au premier rang desquels le Président de la République. Or, les déclarations récentes de Monsieur Sarkozy, mêlant ses convictions personnelles et sa fonction présidentielle, portent atteinte à la laïcité de la République.
La mise en cause de ce principe constitutionnel indispensable à la paix civile est inacceptable. Depuis 1905, grâce à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, la République assure à chaque citoyen la liberté de conscience, garantit sa liberté de croire ou de ne pas croire et de pratiquer le culte de son choix, de n’en pratiquer aucun ou de pouvoir en changer. Elle permet ainsi de vivre ensemble, dans le respect de chacun, quels que soient ses origines, ses choix philosophiques ou ses convictions religieuses.
Dans notre République et notre société multiculturelle, la diversité doit être richesse et non source de conflit. Pour cela, la laïcité, assurant l’égalité en droit des citoyens dans le respect des lois de la République, permet à la fois l’expression du pluralisme des convictions et la recherche de valeurs communes pour construire une communauté de destin.
Dans un monde aujourd’hui global et de plus en plus complexe, où se multiplient les voies d’accès à l’information et aux connaissances, et où explose la médiatisation des événements et de la pluralité des représentations du monde, seule la laïcité permet l’émancipation de tous en favorisant le libre accès au savoir et à la culture et le discernement de chacun pour un libre choix de vie, par une démarche rationnelle et critique faisant toute leur place au doute, à l’imagination et à la créativité.
C’est pourquoi, les organisations et personnalités signataires s’opposeront à toute tentative qui mettrait, de fait, en cause la laïcité par une modification du contenu de la loi de 1905. A l’heure où nos concitoyens éprouvent des difficultés et des inquiétudes croissantes, elles les appellent à promouvoir la laïcité comme une exigence partagée avec la ferme volonté de bâtir ensemble une société où la justice sociale assurera, quotidiennement, pour toutes et pour tous, la liberté, l’égalité et la fraternité.
Signer l’Appel.
La liste des syndicats et confédérations syndicales signataires.
Je vous fait une lettre que vous lirez peut-être
... pour vous informer, qu’après avoir pris connaissance de vos propos provocateurs concernant la laïcité et la république, je n’ai éprouvé que déception, vexation, amertume et colère.
En effet, instituteur (école publique) de 1951 à 1987, je prétends avoir, durant toute ma carrière avoir "transmis" aux enfants dont j’avais la charge "un certain nombre de valeurs" et leur avoir appris la différence entre "le bien et le mal" aussi bien qu’un curé ou un chanoine que je n’ai jamais prétendu ’remplacer", nos domaines d’action étant tout à fait différents, laïcité oblige (laîcité, tout simplement, pas besoin de lui ajouter "ouverte" ou positive). Je me considère insulté par vos propos et tenais à vous le faire savoir le plus succintement possible.
De plus, vous prétendez que "le besoin spirituel, l’espérance ne sont pas satisfaits par l’idéal républicain" et que "la République ignore le bien et le mal" (votre livre "la République - les religions - l’espérance"). Manouchian, Guy Mocquet, Pierre Benoît (dont je faisais écouter les dernières lettres à mes élèves sans qu’on m’y oblige), les maquisards des Glières, du Vercors et d’ailleurs, tous les résistants, "ceux qui croyaient au Ciel, ceux qui ne croyaient pas" n’étaient-ils pas quidés par l’idéal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité ? N’est-il pas l’idéal de la République qui résume tous les autres ?
Je termine cette courte lettre ..." que vous lirez peut-être, si vous avez le temps" et si elle arrive jusqu’à vous (ce dont je doute) et qui m’a permis d’évacuer une toute petite partie de ma colère.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments laïcs et républicains les plus forts†.
La laïcité que nous voulons
Les récentes déclarations du Président de la République sur la place des religions et de la laïcité sont inquiétantes.
Pour nos fédérations, décider de réhabiliter le fait religieux ne peut en aucun cas faire partie des prérogatives de la puissance publique.
L'équilibre entre le respect des convictions religieuses, philosophiques et politiques d'une part et les règles de la vie en commun d'autre part, est un exercice délicat auquel sont soumises toutes nos sociétés du moins quand elles ont à coeur de respecter les consciences individuelles.
Laisser penser que le passage par la religion pour la construction des valeurs communes est un passage obligé est une grave erreur. La tentation du communautarisme et du repli sur soi se développe souvent à partir d'une telle interprétation.
La laïcité que la CFDT veut promouvoir est une laïcité ouverte, sans hostilité vis à vis des convictions et des pratiques religieuses. Elle rend possible la cohabitation de convictions diverses dans un espace commun et une participation authentique de tous à la vie publique. Dans ce cadre la neutralité de l'Etat ne peut souffrir aucun doute.
Opposer par exemple le rôle des instituteurs et des prêtres, insister de manière exclusive sur les racines chrétiennes de la France, voire accorder aux religions une place officielle dans les représentations de la société civile, c'est vouloir rompre l'équilibre instauré par la Loi de 1905.
Directement impliquées dans le domaine de l'éducation, nos deux fédérations tiennent à réaffirmer qu'une des missions de l'École est d'éduquer les jeunes au respect et à la découverte d'autrui. C'est sur ce fondement que chaque jeune doit construire sa personnalité et ses repères. C'est le sens même de la dimension éducative de nos métiers que de permettre cela.
Il est urgent que le chef de l'État réaffirme les valeurs communes d'émancipation des personnes dans le respect de chacun. Ces valeurs doivent fonder notre démocratie et s'imposer sans contestation possible dans l'espace public.
Les faits
Le chef de l'Etat, a vanté les "racines chrétiennes de la France" au cours d'une visite au Vatican. Critiquant une laïcité "épuisée" et menacée par "le fanatisme", il a dit lui préférer une laïcité dite "positive", c’est-à -dire "qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas les religions comme un danger, mais un atout".A Ryad, il est allé encore plus loin, évoquant "Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère", "Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme" ou encore "Dieu qui est le rempart contre l'orgueil démesuré et la folie des hommes".
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